La confiance (nouvelle fin)

J’avais une petite vie tranquille,
Dans laquelle défilaient de jolies filles.

J’ai fais confiance à monsieur le curé,
Et j’ai baisé sans capote.
Mais l’Eglise ne m’a pas protégé.
En plus du sida, ma femme est en cloque.

Heureusement, il y a l’institut Pasteur,
On y trouve de bons chercheurs.

J’ai fais confiance aux médecins,
Je croyais pouvoir guérir un jour.
Mais on m’a dit : « Il y a pas de vaccin,
Tu es séropo, c’est pour toujours. »

Heureusement au boulot, je n’ai pas d’ennui,
Je vais pouvoir me payer la trithérapie.

J’ai fais confiance au patronat,
En bon prolétaire bien sage.
Mais à trop croire ses mecs là,
Je me suis retrouvé au chômage.

Heureusement je vais toucher les aides sociales,
J’aurais de quoi partir jusqu'au Bengale.

J’ai fais confiance au gouvernement,
Mais il n’y a pas plus radin qu’un politique.
Ils ont vidé les caisses consciencieusement,
Et bien sûr pour moi, il n’y a plus de fric.

Heureusement il y a mon pote René,
Qui tient le café où je vais me consoler.

J’ai fais confiance à ce patron de bistrot,
Je lui ai raconté tous mes malaises.
Mais je crois que je me saoulais trop,
Et lui ne voyait que son tiroir-caisse.

Heureusement j’ai encore un toit,
Et ça on ne me le prendra pas.

J’ai fais confiance à mon bailleur,
Mais depuis que je le paye plus,
Il m’a dit va voir ailleurs,
Et je me suis retrouvé dans la rue.

Heureusement entre pauvres, on se sert les coudes.
Les problèmes, on s’entraide pour les résoudre.

J’ai fais confiance à un clochard alcoolique,
On était de bons voisins de carton.
Mais pendant ses états éthyliques,
Je me suis pris des volées de marrons.

Heureusement j’ai toujours ma bien aimé,
Restée fidèle à mes côtés.

J’ai fais confiance à ma femme,
Et à son nouveau boulot.
Mais je l’ai suivis, cette infâme
Fait la pipe à trente euros.

Me voilà seul à présent,
Sans toit, sans femme, sans argent.
Que me reste-t-il maintenant ?
La plus belle des choses, évidemment…

Car heureusement il me reste la liberté,
D’être heureux, de courir, de jouer, de rêver,
Et cela quoi que l’on me fasse,
Ça restera dans ma besace.